Décarbonation, IA : l’industrie en France en 2025

6 février 2025

Rapport sur les grandes tendances de l’industrie

La décarbonation de l'industrie est-elle en bonne voie ?

D’ici 2030, près d’un million de départs à la retraite sont attendus en France, posant un défi majeur pour le secteur industriel. Face à cette pénurie de main-d’œuvre qualifiée, les entreprises doivent redoubler d’efforts pour attirer et former de nouveaux talents, tout en misant sur la transformation numérique pour préserver et transmettre les savoir-faire.

L’intelligence artificielle (IA) et l’automatisation s’imposent comme des leviers stratégiques pour optimiser la production, renforcer la compétitivité et réduire l’empreinte carbone de l’industrie. En parallèle, la décarbonation de l’industrie devient une priorité, poussée par les exigences réglementaires et la nécessité d’une transition vers des modèles plus durables.

1. IA et automatisation : la nouvelle ère de l’industrie

L’intelligence artificielle (IA) et l’automatisation sont en train de révolutionner l’industrie, offrant des gains de productivité sans précédent. Aujourd’hui, les entreprises industrielles qui adoptent ces technologies ne se contentent pas d’améliorer leur efficacité : elles s’assurent aussi de rester compétitives dans un environnement mondial en constante évolution.

L’IA : un levier d’optimisation à tous les niveaux

L’IA générative s’impose comme un outil clé dans l’industrie. En automatisant des tâches chronophages – rédaction d’e-mails, synthèse de rapports, gestion documentaire –, elle fluidifie le travail quotidien et libère du temps pour des missions à plus forte valeur ajoutée.

Certaines entreprises sont déjà à la pointe de cette transformation :

  • Medtronic, par exemple, a développé « MedtronicGPT », une IA interne facilitant la gestion des réunions et le traitement documentaire pour ses équipes de production.
  • Andros mise également sur l’IA pour optimiser sa maintenance prédictive et améliorer l’efficacité de ses lignes de production.

L’automatisation industrielle : une mutation inévitable

Selon Renan Devillières, CEO d’OSS Ventures, 30 à 40 % des postes industriels actuels sont automatisables. Il compare cette transition à l’arrivée des premiers automates programmables dans les années 1960 :

“Les grands groupes industriels d’aujourd’hui sont ceux qui ont su prendre le virage de l’automatisation. Les leaders de demain seront ceux qui sauront tirer profit de l’IA.”

L’automatisation des processus industriels permet de :

  • Réduire les erreurs et améliorer la qualité des produits en minimisant l’intervention humaine sur les tâches répétitives.
  • Optimiser la consommation énergétique et les ressources en affinant les réglages des machines en temps réel.
  • Anticiper les pannes grâce à l’IA et à la maintenance prédictive, réduisant ainsi les temps d’arrêt.

L’humain, au cœur de cette transformation

Contrairement aux idées reçues, l’essor de l’IA et de l’automatisation ne signe pas la fin des emplois industriels, mais redéfinit les rôles. De nouveaux métiers émergent, nécessitant des compétences en analyse de données et en pilotage de l’IA.

Les Data Analysts joueront un rôle clé en exploitant les données générées par les capteurs et les machines pour affiner la prise de décision, tandis que les experts métiers devront collaborer avec l’IA pour garantir des analyses pertinentes et adaptées aux réalités de terrain.

Enfin, l’éthique et la responsabilité humaine restent centrales dans cette transition : l’IA doit être un outil d’aide à la décision, et non un substitut total à l’expertise humaine. L’industrie de demain sera celle qui saura allier intelligence artificielle, automatisation et intelligence humaine.

2. 2025 : vers une supply chain plus agile et résiliente

En 2025, l’agilité de la supply chain deviendra un enjeu stratégique majeur. Face à un environnement économique de plus en plus instable, marqué par des crises successives (COVID-19, tensions géopolitiques, fluctuations des matières premières), les entreprises doivent repenser leurs modèles pour assurer fiabilité, réactivité et robustesse.

La crise du COVID a révélé les vulnérabilités des chaînes d’approvisionnement mondialisées, poussant les industriels à revoir leurs priorités. Désormais, la fiabilité prime sur la simple réduction des coûts. Comme le souligne Édouard Thieuleux :

« On ne recherche plus forcément le fournisseur le moins cher, mais le fournisseur le plus fiable et une multiplication des sources. »

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Des stratégies d’optimisation pour une supply chain plus robuste

Pour renforcer leur résilience, les entreprises adoptent plusieurs approches :

  • Diversification et relocalisation des fournisseurs : Certaines entreprises, comme Medtronic, réduisent leur panel de fournisseurs pour ne conserver que les plus fiables, tandis que d’autres privilégient le nearshoring pour réduire les risques liés à la dépendance aux chaînes d’approvisionnement internationales.
  • Optimisation des stocks stratégiques : La gestion des stocks devient plus proactive, avec un recours accru aux jumeaux numériques et à l’analyse prédictive pour anticiper la demande et éviter les ruptures.
  • Intégration des contrôles qualité en amont : Un contrôle renforcé dès les premières étapes de production permet d’éviter des perturbations coûteuses plus tard dans la chaîne.

L’IA et l’automatisation : des accélérateurs de transformation

L’intelligence artificielle et l’automatisation jouent un rôle clé dans cette évolution de la supply chain. Les entreprises investissent dans des solutions digitales pour harmoniser leurs outils et centraliser les données. Ces technologies permettent notamment de :

  • Automatiser les tâches à faible valeur ajoutée (gestion des plannings, reporting, suivi des commandes)
  • Optimiser la logistique et la gestion des stocks grâce à l’IA prédictive
  • Renforcer la traçabilité pour une meilleure anticipation des risques

Le rôle clé de l’humain dans une supply chain digitalisée

Malgré ces avancées technologiques, l’humain restera indispensable pour gérer les situations exceptionnelles. La prise de décision face aux aléas du marché, le lancement de nouveaux produits ou la gestion des crises nécessitent encore une expertise humaine et une capacité d’adaptation que l’IA ne peut remplacer.

Enfin, la vitesse d’adoption de ces nouvelles pratiques varie selon les secteurs. L’e-commerce, poussé par des géants comme Amazon et Decathlon, évolue plus rapidement, tandis que l’industrie manufacturière met davantage de temps à intégrer ces changements.

3. Décarbonation de l’industrie, sobriété énergétique : les défis clés de 2025

En 2025, la décarbonation de l’industrie devient une priorité stratégique. Face aux exigences réglementaires, à la pression des investisseurs et aux attentes des consommateurs, les industriels doivent accélérer leur transition vers des modèles plus durables.

La directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), qui s’appliquera aux entreprises de plus de 250 employés dès 2025, impose un reporting environnemental plus strict, obligeant les entreprises à documenter précisément leurs émissions de CO2, leur consommation énergétique et leurs pratiques de durabilité.

En parallèle, le contexte géopolitique post-COVID et la multiplication des crises climatiques poussent les industriels à réduire leur dépendance aux énergies fossiles et à optimiser l’usage des ressources comme l’eau et les matières premières, ce qui va aussi dans le sens de la décarbonation de l’industrie.

Des initiatives concrètes pour réduire l’empreinte carbone

Les industriels déploient des stratégies variées pour réduire leurs émissions et améliorer leur efficacité énergétique :

Andros met en place un suivi énergétique avancé à l’échelle des lignes de production et applique une stratégie en trois étapes :

  • Remplacement d’équipements énergivores par des alternatives plus performantes.
  • Investissement dans des technologies de recyclage pour limiter les déchets.
  • Chasse aux fuites énergétiques pour éviter les gaspillages inutiles.

Imerys mise sur l’intelligence artificielle pour optimiser le pilotage énergétique et identifier les sources de surconsommation en temps réel.

Medtronic met en place des solutions innovantes pour réduire sa consommation d’eau et limiter son empreinte environnementale.

De plus en plus d’industriels comprennent l’importance d’intégrer la décarbonation de l’industrie dans leur stratégie, car c’est aussi un moyenne de faire de l’excellence opérationnelle, comme le souligne François Feugier, expert industriel :

“Pour un industriel, s’intéresser à son empreinte carbone est aussi un moyen de faire de l’excellence opérationnelle. Lorsqu’il cherche à réduire le gaspillage, la planète y gagne, tout comme son compte de résultat. Finalement, ça nous ramène au célèbre système de production Toyota qui vise à éliminer tous les gaspillages afin d’atteindre un niveau d’efficience optimal.”

L’essor de l’industrie circulaire : un modèle en pleine mutation

Au-delà de la sobriété énergétique et de la décarbonation de l’industrie, la transition vers une économie circulaire s’accélère sous l’impulsion de la demande client et des opportunités de relocalisation.

Loin de se limiter au recyclage, ce modèle englobe des pratiques plus larges :

  • Réparation et réutilisation des équipements industriels pour prolonger leur durée de vie.
  • Développement de services de location plutôt que de vente, pour maximiser l’utilisation des ressources.
  • Écoconception, intégrant la recyclabilité dès la phase de conception des produits.

Toutefois, la viabilité économique de l’industrie circulaire reste un défi majeur. Pour convaincre les industriels, les solutions circulaires doivent être rentables et compétitives par rapport aux modèles traditionnels.

4. Redorer l’image de l’industrie pour attirer les jeunes talents

En 2025, l’industrie en France est confrontée à une pénurie de main-d’œuvre sans précédent. Selon l’Insee, 67 % des entreprises industrielles peinent à recruter, un défi exacerbé par une image négative du secteur auprès des jeunes générations. Souvent perçue comme polluante, pénible et dépassée, l’industrie doit se réinventer pour séduire les talents de demain.

Changer la perception de l’industrie : un impératif stratégique

Comme l’explique Emilie Le Douaron : « La parole des entreprises porte d’autant plus lorsqu’elles désirent faire passer des messages. La communication, ce n’est pas faire un billboard de 4 par 3 pour vanter les mérites de l’entreprise, mais valoriser des expertises, sans cacher ses faiblesses, en créant les éléments de réassurance. »

Pour attirer une nouvelle génération de talents, les industriels doivent revoir leur approche et adopter des stratégies de communication modernes :

  • Sortir de la culture du secret : Expliquer clairement leur mission, leurs innovations et leur engagement en faveur de la transition écologique.
  • Utiliser les codes du B2C et des réseaux sociaux : Miser sur TikTok, Instagram et YouTube pour casser les clichés et montrer une industrie dynamique et innovante.
  • Donner la parole aux jeunes collaborateurs : Mettre en avant des témoignages authentiques pour inspirer et rassurer les candidats potentiels.
Comment attirer les jeunes dans l'industrie ? Un défi à relever en 2025 face aux difficultés de recrutement et aux départs à la retraite.

Fidéliser les talents : un enjeu aussi important que le recrutement

Attirer des jeunes dans l’industrie ne suffit pas ; encore faut-il les retenir et les accompagner dans leur évolution. Pour cela, les entreprises industrielles peuvent miser sur trois leviers clés :

  1. Créer un environnement de travail attractif : Favoriser l’esprit d’équipe, l’inclusion et des conditions de travail modernes avec des solutions digitales. 
  2. Donner du sens aux missions : Inscrire l’industrie dans une vision sociétale et écologique, en montrant son rôle dans la transition énergétique et l’innovation.
  3. Offrir des parcours d’évolution clairs : Proposer des formations continues et des opportunités de progression pour accompagner la transformation digitale et l’essor de l’automatisation.

Enfin, avec près d’un million de départs à la retraite prévus d’ici 2030, la transmission des savoirs devient un enjeu crucial. Le défi sera de capitaliser sur l’expérience des seniors tout en intégrant les nouvelles technologies pour assurer la pérennité des compétences industrielles.

Conclusion 

En 2025, l’industrie en France fait face à des transformations majeures : IA, automatisation, supply chain agile, décarbonation de l’industrie et attractivité des métiers. Ces défis, bien que complexes, représentent aussi des opportunités pour renforcer la compétitivité et la résilience du secteur. L’enjeu est clair : s’adapter aujourd’hui pour construire l’industrie durable et performante de demain.

Rédigé par :

Priscilla Brégeon-Minos – Content Manager @fabriq

Titulaire d’un Bachelor en Communication & Médias et d’un Master en Presse écrite, Priscilla possède une expérience de plus de 8 ans dans la rédaction et la production de contenus, aussi bien dans le secteur des médias qu’en B2B. Elle travaille désormais depuis plus d’un an chez fabriq, en tant que Content Manager. « J’ai découvert le secteur industriel avec fabriq et je ne regrette pas, c’est un domaine aussi riche que passionnant et en perpétuelle évolution. »