Le principe du lean manufacturing vise à éliminer le gaspillage, les incidents et à se restreindre à un cadre de production bien défini. Derrière cette première définition, le lean peut apporter de nombreux avantages à tout type d’industrie, notamment à la filière agroalimentaire (IAA). Face aux défis de sécurité et aux scandales qui ont émaillé l’actualité sanitaire de ces dernières années – Buitoni, Ferrero (Kinder) – la maîtrise parfaite de chaque étape devient indispensable. Cela devient plus simple aujourd’hui par le déploiement rapide d’une stratégie lean.
Rappel de la stratégie lean : qu’est-ce qu’une stratégie lean ?
La stratégie lean s’appuie sur une méthode de production éprouvée, en premier lieu par Toyota. Celle-ci vise à supprimer toutes les formes de gaspillage et à s’améliorer en continu pour collaborer efficacement, produire mieux et, en bout de chaîne, rester compétitif.
Si le secteur de l’automobile a été parmi les premiers à s’en emparer, toutes les industries, à commencer par l’agroalimentaire, peuvent en bénéficier. À la clé, non seulement une limitation des coûts de production, mais aussi une meilleure gestion de la chaîne de production et ainsi une sécurité accrue pour les consommateurs.
Les challenges du lean manufacturing pour la filière agroalimentaire (IAA)
Comme le précise le ministère de l’Agriculture, le secteur de l’agroalimentaire est le premier secteur industriel de France. Or, dans le même temps, celui-ci fait face à de nouveaux défis qui changent en profondeur sa manière d’appréhender le futur :
- La transition écologique et énergétique
- Les contraintes réglementaires
- Les exigences nouvelles et parfois contradictoires des consommateurs (payer moins cher des produits plus sains et plus vertueux, tout en cherchant la nouveauté ou l’exotisme)
- La transformation numérique
- L’adaptation des compétences
- Etc.
Longtemps, le lean manufactuiring et le lean management qui en découle ont été vus (et peuvent encore l’être) comme adaptés uniquement aux usines de production dont le cœur de métier s’appuie sur les matériaux.
Dans le secteur agroalimentaire au contraire, la première caractéristique est celle d’utiliser des matières le plus souvent périssables et fragiles, lesquelles sont soumises à des règles drastiques pour la consommation humaine. Si bien qu’à chaque étape de production, la question de la contamination par des bactéries – à commencer par la salmonelle – se pose, ainsi que la responsabilité de l’usine et de l’entreprise.
En raison des scandales sanitaires qui ont mis en jeu l’image du secteur ces 30 à 40 dernières années, ajoutés aux événements récents des pizzas et des friandises aux répercussions graves, la prise en compte de nouvelles approches de production est indispensable.
Cela est d’autant plus incontournable que la surproduction qui conduit à du gaspillage des ressources, ainsi que les gaspillages matériels (mauvais réglages, mauvaise cadence, mauvaise formation des opérateurs, etc.) sont au cœur des défis du secteur.
L’amélioration de tous ces points aura pour effet d’augmenter la rentabilité et d’aller vers une entreprise plus vertueuse.
Comment adapter la stratégie lean à l’industrie agroalimentaire ?
Les problématiques de l’IAA ne se résoudront pas d’un coup de baguette magique par le lean manufacturing. Mais 6 mois peuvent suffire – avec les bons outils – pour mettre en place de nouveaux process et ainsi améliorer sa chaîne de production.
Analyse de la situation et des gaspillages
Premier axe d’amélioration : savoir quels sont les gaspillages, les mauvaises manœuvres et sur quel niveau. Pour cela, le lean manufacturing propose de cartographier, d’auditer, l’ensemble du terrain : atelier, postes de travail, supply chain, etc. Cela peut notamment nécessiter de chronométrer précisément chaque étape. L’analyse numérique permettra alors de faire ressortir tous les points d’attention.
Utiliser la boîte à outils du lean
Arme anti-gaspillage, le lean a pour particularité d’agréger avec lui de nombreuses méthodes concrètes pour cartographier, analyser et résoudre les problèmes, ainsi que maîtriser les ressources et les compétences (VSM, Smed, 5S, TPM, Kanban).
Adapter la vitesse de production
Contrairement à certains a priori, l’élimination des gaspillages avec la méthode lean ne consiste pas à accélérer toute la chaîne de valeur au passage. C’est le plus souvent l’inverse, au moins au début. Ce qui compte, c’est d’adapter le rythme à la réalité présente.
Ce qui n’empêche pas d’augmenter la cadence au fil du temps, en fonction du rythme des opérateurs (après les avoir mieux formés, tout en ayant amélioré les méthodes de production). En bout de chaîne, le lean permet de réduire tout ce qui ne produit pas de valeur. Si bien que, mécaniquement, les délais seront diminués.
Prôner l’amélioration continue et la collaboration
C’est le fondement même du lean, ou plutôt sa deuxième jambe avec l’élimination du gaspillage, quelle que soit sa nature. Pour cela, il faut réduire les problèmes dès qu’ils se posent, en déterminer la cause pour qu’ils ne se reproduisent plus. L’amélioration continue repose ainsi qu’une l’analyse permanente, la réactivité et l’implication de tous les acteurs de l’entreprise, de la direction à l’opérateur.
Valrhona, qui produit des chocolats pour les grands chefs, les restaurants et les pâtissiers depuis 1922, a déployé l’outil Fabriq dans son usine sur la base du lean manufacturing.
L’entreprise, par ailleurs certifiée B corp pour son engagement social et environnemental, est parvenue à réduire d’au moins 1 heure par mois les arrêts machines par une remontée efficace des problèmes.
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