A la pandémie covid-19 que nous avons connue en 2020, s’est ensuite ajoutée la crise géopolitique. Pour répondre à la première, l’État a mis sur pied France Relance et pour la seconde, le Plan de Résilience quant aux effets de la guerre en Ukraine sur l’économie française.
Au cœur de cette époque troublée, l’industrie française doit trouver la parade pour rester compétitive, notamment à travers l’industrie 4.0. Dans le même temps, elle s’interroge fortement sur ses possibilités de relocaliser la production pour ne plus dépendre des pays étrangers.
Contexte et antécédents des bouleversements de l’industrie
La révolution industrielle débutée au XVIII siècle en Angleterre, puis en France, avant de conquérir au siècle suivant les États-Unis ou encore le Japon, a constitué le changement d’époque le plus rapide. D’une industrie basée précédemment sur l’agriculture, une partie du monde s’est engagée dans l’industrie de biens manufacturés à grande échelle. Le niveau de vie a alors augmenté et les classes sociales se sont scindées en d’autres groupes avec l’apparition de la bourgeoisie directement issue des réussites industrielles.
Au fil des décennies, la mondialisation représentera non pas une révolution, mais une lente et inéluctable évolution vers une ouverture au monde. Pour autant les délocalisations qui s’en sont suivies ont été le terreau de la fin de l’ère industrielle, notamment métallurgique, telle qu’on la connaissait en France.
Aujourd’hui, la concentration de la fabrication dans des pays comme la Chine a montré ses limites à l’aube de la crise sanitaire et la guerre en Ukraine a ravivé les craintes. À l’échelle de l’histoire de l’industrie, il est ainsi fou de se dire que 2 années auront suffi à tout bouleverser. Mais ce n’est pas si rapide qu’on le pense, car depuis le début des années 2010, des industries ont commencé à amorcer leur relocalisation.
Avec les pénuries de médicaments aussi basiques que le paracétamol et les semi-conducteurs indispensables à toute la manufacture électronique, les industriels sont de plus en plus nombreux à avoir pour objectif de quitter cette dépendance à l’import et rapatrier une partie au moins de leur production sur le sol français.
La France : Terre d’accueil de la relocalisation industrielle en Europe ?
Relocalisation industrielle française : les enjeux
C’était il y a un peu plus de deux ans, la relocalisation des entreprises semblait alors utopique à grande échelle en France. Et pourtant ! Il aura fallu un canal de Suez bouché et une crise sanitaire inédite pour donner un coup d’accélérateur à cette tendance.
La bonne nouvelle, c’est qu’aujourd’hui, les chiffres ne mentent pas. Selon le Cabinet Ancoris, spécialisé dans l’économie des territoires, la France a enregistré une hausse de 62 % des implantations d’usines en 2021, après déjà une année record en 2020. À côté de cela, depuis septembre 2019 et jusqu’en décembre 2021, 115 relocalisations ont été enregistrées.
Et dans la presse spécialisée, un vent de relocalisation industrielle souffle : ici, un groupe qui rapatrie la fabrication de LED, là une étape clé de transformation du bois relocalisée. Les exemples se multiplient et n’ont plus rien d’anecdotique.
Quelles industries ont amorcé leur relocalisation ?
Il faut dire que le gouvernement français y met les moyens avec le programme France Relance qui apporte un soutien aux secteurs critiques du marché (santé, agroalimentaire, électronique, intrants de l’industrie, et télécommunication). Depuis le lancement du défi le 31 août 2020, 624 projets ont pu bénéficier de subventions pour un total de 2.7 MM€ d’euros d’investissements industriels, dont 729 M€ de la part de l’État.
À cela s’ajoutent des relocalisations concrétisées par d’autres moyens, que ce soit dans la filière du bois, de la technologie, de la mode, etc. L’ambition derrière tout cela : permettre à la France de retrouver sa souveraineté industrielle et relancer les emplois industriels.
3 exemples d’entreprises de 3 secteurs différents qui ont relocalisé
Pour se convaincre de ce qui est plus qu’une tendance, regardons 3 secteurs qui ont pris à coeur cet enjeu et où les relocalisations s’enchaînent.
Dans la filière de la mode
Scavi Europe : cette entreprise de confection de lingerie, maillots de bain et vêtements de sport compte parmi ses clients Etam, Dim ou encore Simone Pérèle. Elle a relocalisé une partie de sa production dans ses anciens locaux à Saran (Loiret) et compte doubler ses effectifs d’ici 2030.
Dans l’agroalimentaire
Le fabricant de pains et brioches Harry’s a créé une nouvelle ligne de production à Talmont en Vendée, ce qui fait partie des 33 millions d’euros accordés par sa maison mère pour renforcer sa présence en France. Elle va aussi agrandir son site de production déjà le plus important, à Châteauroux.
Dans l’innovation
La célèbre boîte à histoires Lunii créée par des Français était d’abord produite en Chine. Les fondateurs avaient promis de rapatrier la fabrication en France dès que possible. Ils ont tenu leur promesse en installant leur usine à Bayonne dans les Pyrénées-Atlantiques et en lançant les premières de leur relocalisation dès 2018.
Comment favoriser la relocalisation industrielle ?
La relocalisation industrielle a bien sûr des avantages que la délocalisation ne permet plus :
- Baisse des coûts de transport ;
- Baisse des taxes d’importation ;
- Réduction des délais de livraison ;
- Meilleur bilan carbone ;
- Meilleure image de marque (économie locale, Made in France)
- Relance de la consommation.
Pour autant, ils ne suffisent pas pour relocaliser. L’intérêt repose aussi sur une maîtrise de la chaîne de production de bout en bout, laquelle est aujourd’hui impossible à garantir sur certains produits en délocalisant ou en faisant appel à des sous-traitants étrangers.
Quels moyens utiliser ?
L’industrie 4.0 et l’usine du futur font partie des éléments qui accélèrent la relocalisation de la production. Une étude sur le terrain et publiée dans la revue Logistique & Management montre que l’industrie 4.0 :
- Apporte plus de flexibilité et de réactivité, notamment dans les délais à la fois de production et de livraison
- Permet de réduire les coûts liés à la main-d’œuvre, soit un élément fondateur des anciennes délocalisations
- Favorise une offre industrielle qui comprend à la fois les produits et les services liés aux biens manufacturés industriels
Mais pour y parvenir, les entreprises devront acquérir les compétences en interne et poursuivre leur transformation digitale. Ce qui est plus simple qu’on peut le croire avec des appuis, comme le Fabriq Tour, un tour de France déjà réalisé en octobre 2021 pendant 2 semaines, qui a pour but de promouvoir le savoir-faire industriel français et son entrée dans l’industrie 4.0.
Aujourd’hui, la volonté des industries de relocaliser en France et la transformation digitale se rejoignent, comme si les planètes s’étaient alignées pour favoriser l’économie locale. L’Histoire le dira, mais un tel mouvement s’inscrira sans doute comme la révolution industrielle en son temps.
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