Invités à la première édition du salon SMS – Global Industrie au Japon, notre co-fondateur Octave Lapeyronie et notre expert du lean Adhémar de Saint-Just en ont profité pour visiter des usines japonaises afin d’étudier leurs méthodes. Lors de ces visites, ils ont constaté un certain retard au niveau de la digitalisation des processus.
Longtemps considéré comme le pionnier du lean management grâce au système TPS (Toyota Production System) qui a révolutionné l’industrie dans le monde entier, le Japon fait aujourd’hui face à un retard dans la transformation digitale de ses entreprises industrielles. Cette situation soulève des questions sur sa compétitivité dans un environnement mondial en évolution rapide. Cependant, les entreprises japonaises, Toyota en première position, commencent à prendre conscience de l’intérêt de la digitalisation du kaizen.
Dans cet article, nous examinerons de plus près ce retard numérique et l’importance de la digitalisation du kaizen pour le secteur manufacturier japonais.
L’industrie japonaise, en retard sur la transformation numérique
Le Japon, salué pour son excellence dans la gestion des opérations et sa culture d’amélioration continue, ainsi que pour ses innovations technologiques, est étonnamment à la traîne en matière de transformation numérique, en particulier dans le secteur de l’industrie manufacturière. Selon une étude de la Japan External Trade Organization (JETRO), seulement 18 % des entreprises manufacturières japonaises ont adopté pleinement des technologies numériques telles que l’Internet des Objets (IoT), l’automatisation avancée et les outils d’analyse de données.
L’enquête de Gartner Japon de 2023 a également révélé que les entreprises industrielles japonaises avaient un retard d’environ 2 ans en moyenne par rapport à la tendance mondiale en matière de transformation numérique. Et cela a un impact direct sur la compétitivité des entreprises japonaises au niveau international.
Ce manque de maturité numérique des entreprises se reflète dans les prochaines priorités des entreprises en matière d’investissement dans le numérique, avec un focus sur l’amélioration des opérations des processus métiers pour les années à venir.
Les causes du retard numérique des entreprises japonaises
Le retard persistant du Japon dans la digitalisation de ses opérations manufacturières trouve ses racines dans plusieurs facteurs interconnectés. Le secteur industriel japonais a notamment tendance à sous-estimer l’importance du logiciel dans la transformation numérique, se concentrant davantage sur le matériel et les technologies traditionnelles. Cette attitude a conduit à un retard dans l’adoption de solutions digitales innovantes, essentielles pour la modernisation des processus de production.
Par ailleurs, une enquête menée par le Cabinet Office du Japon a révélé que près de la moitié des entreprises manufacturières japonaises identifient le manque de compétences numériques parmi leur personnel comme l’un des principaux obstacles à la transformation digitale. Cette lacune en compétences numériques entrave la capacité des entreprises à mettre en œuvre efficacement de nouvelles solutions et à les intégrer dans leurs opérations quotidiennes.
Par ailleurs, la culture d’entreprise traditionnelle du Japon constitue un autre frein majeur à la digitalisation des opérations manufacturières. Cette culture, fondée sur la hiérarchie et les décisions consensuelles, favorise la stabilité et la continuité plutôt que l’innovation et le changement. Les entreprises japonaises privilégient une approche prudente et planifiée, ce qui limite leur agilité et leur capacité à innover rapidement.
Enfin, la structure industrielle du Japon, caractérisée par un grand nombre de petites et moyennes entreprises (PME), a également joué un rôle. Ces PME, souvent fournisseurs de pièces et composants pour les grandes entreprises, ont eu du mal à investir dans des technologies numériques en raison de contraintes financières et de ressources limitées.
Malgré cela, les entreprises industrielles japonaises commencent à prendre des mesures pour rattraper leur retard, notamment en explorant les opportunités offertes par la digitalisation des opérations, comme nous le verrons dans la section suivante.

La digitalisation du lean, un nouveau virage pour les entreprises industrielles japonaises
Dans un pays longtemps ancré dans les traditions du lean management et du kaizen, la digitalisation émerge comme un nouveau virage pour les entreprises industrielles japonaises. Conscientes des défis posés par le retard dans la transformation numérique et de l’urgence de rester compétitives sur la scène mondiale, de plus en plus d’entreprises au Japon commencent à prendre conscience de l’importance de digitaliser leurs processus lean.
Les entreprises japonaises réalisent de plus en plus que la digitalisation du lean peut offrir des avantages significatifs en termes d’efficacité opérationnelle, de qualité, de réduction des coûts, d’agilité et d’innovation. En permettant une collecte de données plus précise, une analyse plus approfondie et une prise de décision plus rapide, la digitalisation du lean peut aider les entreprises à identifier et à résoudre les problèmes plus efficacement, tout en favorisant une culture d’amélioration continue.
Une autre motivation importante pour la digitalisation du kaizen réside dans la nécessité de s’adapter aux nouvelles exigences des clients. Les consommateurs d’aujourd’hui recherchent des produits et des services innovants, personnalisés et de haute qualité, ce qui nécessite une agilité et une capacité d’adaptation accrues de la part des entreprises. La digitalisation du lean offre un moyen efficace de répondre à ces exigences en permettant aux entreprises de mieux anticiper et de réagir rapidement aux besoins changeants du marché.
Avec l’entrée de la génération Y et de la génération Z sur le marché du travail, les entreprises japonaises sont également confrontées à une pression croissante pour adopter des technologies modernes et des méthodes de travail plus flexibles. La digitalisation du lean peut aider à répondre à cette demande en offrant aux employés des outils et des processus de travail plus intuitifs et conviviaux, adaptés aux besoins de la nouvelle génération de travailleurs.
Dans la section suivante, nous examinerons de plus près l’exemple de Toyota Motor Corporation, qui a récemment intensifié ses efforts en matière de digitalisation.
Toyota et le citizen development
Malgré ses succès dans la mise en place du TPS et l’amélioration continue, Toyota a rencontré de nombreux défis dans sa transition vers le digital. Cependant, grâce à une approche plus ouverte et inclusive, Toyota a pu surmonter ces défis et libérer le potentiel d’innovation de ses employés, en particulier des jeunes générations.
L’entreprise se concentre notamment sur le « citizen development », qui consiste à inciter les employés sur le terrain à créer des solutions logicielles personnalisées pour eux-mêmes et leurs équipes. Cette approche collaborative est particulièrement utilisée dans l’usine de Tahara, un site de production spécialisé dans la fabrication de véhicules Lexus.
Cette initiative s’inscrit dans une culture d’amélioration continue profondément ancrée au sein de l’entreprise. En favorisant le « citizen development », Toyota vise à stimuler l’innovation à tous les niveaux de l’organisation. Cette approche permet non seulement de renforcer l’efficacité des processus, mais aussi d’encourager l’engagement et la motivation des employés.
Les jeunes générations travaillant chez Toyota sont particulièrement enthousiastes quant au citizen development. Contrairement aux environnements traditionnels, où les jeunes employés jouent souvent un rôle d’apprentissage, la digitalisation du lean / kaizen permet une participation égalitaire, favorisant ainsi une collaboration fructueuse et stimulant la motivation de tous les acteurs.
Conclusion
Dans un contexte où le Japon peine à combler son retard dans la transformation numérique, l’importance de la digitalisation du lean émerge comme une réponse cruciale pour les entreprises industrielles japonaises. En intégrant des pratiques numériques, ces entreprises peuvent améliorer leur efficacité opérationnelle, répondre aux attentes changeantes des clients et stimuler l’innovation.
Pour rester compétitives dans un monde en constante évolution, il est essentiel que les entreprises japonaises embrassent pleinement cette transition vers le lean digital. fabriq, notre solution SaaS de management de la performance, accompagne les entreprises dans cette transformation, en leur fournissant les outils nécessaires pour optimiser leurs processus et maximiser leur compétitivité sur le marché mondial.